J'ai testé Shadow PC
Grâce à Nicolas, AKA Akimi, nous avons pu obtenir deux accès à Shadow pour tester ce service de cloud computing, en contrepartie d’en parler autour de nous et de produire une vidéo, qui s’est changée en cet article.
Cloud Gaming versus cloud computing
Depuis quelques années maintenant, nous entendons beaucoup parler de cloud gaming et cloud computing. Entre Google avec Stadia, Nvidia avec GeForce Now, Amazon avec Luna, PlayStation Now ou encore Shadow PC, il y en a pour tous les goûts. Mais il faut bien distinguer les deux : le cloud gaming vous permet de jouer en ligne à un catalogue mis à disposition par la plate-forme en question, alors que le cloud computing, c'est un ordinateur virtuel qui vous permet de jouer à vos jeux, mais aussi de faire ce que vous pouvez faire avec votre propre PC : installer et utiliser des logiciels, travailler, streamer, etc…
Le principe de fonctionnement est très similaire : vous accédez à un espace virtualisé qui est hébergé dans une salle de serveur éloigné de votre position, via un appareil ou un logiciel. Le contenu vous est transmis sous la forme d'un flux vidéo (stream), et vous interagissez avec des contrôles physiques (clavier, souris, manette, micro,...).
Accès internet
La plupart des appareils proposent de se connecter via internet par WiFi ou Ethernet, même si, lorsque c’est possible, la liaison par câble Ethernet est recommandée (moins de fluctuation dans le débit).
La connexion minimum recommandée est différente selon le service. Quelques exemples :
- Shadow : 15 Mo
- Nvidia GeForce Now : 15 Mo (720p) et 25 Mo (1080p)
- Amazon Luna : 10 Mo et 35 Mo (4K)
- PS Now : 5 Mo
Si vous n’avez qu’une connexion WiFi, il faut que votre connexion soit disponible sur la fréquence 5 GHz pour en profiter au mieux, puisque la limite de débit est plus haute.
Compression de la vidéo
Si nous devions comparer l'accès à une machine avec les mêmes caractéristiques qu'une machine Shadow (ce qui est mon cas) il y a un premier élément auquel vous devez vous habituer : la compression du flux vidéo.
En effet, lorsque vous jouez sur une bonne machine, avec les paramètres poussés à leur maximum, vous obtenez une image nette. Alors qu'en utilisant une solution de cloud gaming ou computing, vous noterez une différence de qualité d’image. Pour offrir l'accès à ce flux dans des conditions correctes, il doit être compressé. Toutes ces plateformes y passent. Apparaît alors un phénomène connu par celles et ceux qui sont habitués à la compression d’images ou de vidéos : le macrobloc. Il peut être causé par un problème de communication entre le serveur et votre appareil ou par l'algorithme de compression : des gros blocs de pixels apparaissent à l'écran. Je l’ai surtout remarqué sur les rouges et sur les déplacements rapides de personnages ou de caméra.
Retard d'interactions (input lags)
Le deuxième phénomène, qui est encore plus plus gênant avec ces solutions, c’est ce qui est appelé couramment l’input lag. Cela correspond à un temps de réponse trop long entre le moment où vous envoyez une information via votre périphérique (tape sur le clavier, clic de souris, action sur votre manette…) et le moment où l’action est comprise et jouée dans le jeu ou l’application.
Ce qu'il faut comprendre avec l'image ci-dessous :
- en local, vous interagissez avec le jeu, l'action est exécutée (processing), et affichée en quelques millisecondes (une seconde divisée par mille, multipliée par vingt) ;
- avec le cloud computing, vous interagissez, l'action est exécutée sur l'ordinateur à distance (processing), elle est capturée afin d'être compressée (encodage), transmise via Internet, décompressée via le logiciel sur votre ordinateur (décodage et rendu) puis affichée sur votre écran.
Exemple : vous lancez une compétence sur Guild Wars 2 et il faut quelques millisecondes voire quelques secondes de trop (souvent la faute au jeu en lui-même, accentué par le cloud computing) pour qu’elle soit réellement lancée. Et ça peut vite devenir insupportable… De mon expérience, sur Shadow, je ne l’ai jamais expérimenté en étant connecté à la fibre via Ethernet, mais sur une connexion 5 Mo en WiFi (très en dessous de la connexion minimale recommandée), c'était injouable.
Shadow PC
Maintenant que les principales contraintes techniques sont posées, je vais vous parler un peu de l’histoire de Shadow PC.
L’aventure démarre en 2015, avec Emmanuel Freund, Stéphane Héliot et Asher Kagan-Criou qui décident de créer leur start-up : Blade ; avec pour objectif de créer un PC dans le cloud. Dans un petit studio à Paris, ils développent la première version de Shadow.
Quelques levées de fonds plus tard, une étendue internationale, Shadow Ghost (la deuxième version de leur appareil) et de nouvelles applications mobiles en 2019, ils comptabilisent maintenant plus de 100 000 utilisateurs actifs.
Streamer avec Shadow
Ma configuration pendant mes streams était la suivante : avec Shadow, je faisais tourner le jeu (Guild Wars 2 ou un jeu de notre catalogue Steam) et mon PC me servait à diffuser et faire lancer les logiciels suivants :
- OBS Studio, pour capturer la fenêtre Shadow et diffuser sur Twitch
- Up Deck, qui me sert à contrôler mes scènes de OBS
- StreamLabels pour modifier dynamiquement certains textes de mes scènes OBS (dernier follow, dernier sub)
- Restream Chat, pour avoir un retour du chat sur mon écran de jeu.
En plus, j’utilise ma tablette Microsoft Surface Go pour afficher la fenêtre de modération de Twitch, et vérifier que la diffusion est fluide, et un iPad Mini première génération sur lequel est installé Up Deck, pour interagir via le WiFi avec l’application de mon PC et communiquer avec OBS.
Avec cette configuration, puisque le jeu tournait dans le cloud, mon PC faisait moins d’efforts et soufflait aussi beaucoup moins (les ventilos sont assez bruyants sur ma machine). L’inconvénient, c’est que tout ce qui était affiché dans ma fenêtre Shadow était diffusé, il fallait donc faire attention à ce que j’affichais (mots de passe par exemple).
Autre point qui me dérangeait un peu en tant que streamer, c’est que si Discord était lancé sur ma machine, il m'était impossible d’utiliser mes raccourcis clavier habituels, notamment le push-to-mute, que j’utilise beaucoup pour m’adresser seulement à mes spectateurs sur Twitch. Pour résoudre ce petit problème, je devais obligatoirement lancer Discord sur Shadow, avec l’appréhension de diffuser par mégarde le contenu de mon Discord, alors que certains serveurs sont protégés par une clause de confidentialité. Une des solutions aurait pu être de créer un second compte réservé aux streams, mais je n’y pense qu’à l’heure où j’écris cet article...
La seconde configuration qui a été testée par l’un de nos organisateurs d’événements, c’est de jouer et diffuser directement depuis la machine Shadow. Puisque nous avions deux accès, j’avais configuré tout ce qu’il fallait sur la première machine, pour pouvoir en partager son accès. Le résultat était plus que satisfaisant, alors que Shadow déconseille ce genre de situation si vous avez un débit d’upload bas. Le seul problème, c’est que tout ce que vous voulez transmettre pendant votre diffusion doit tourner sur Shadow, sinon OBS sera incapable d’écouter ou voir. Dans notre cas, par exemple, l‘organisateur en question avait lancé Discord directement sur sa machine, OBS ne pouvant pas capturer le son puisqu’en dehors du Shadow, nous n'entendions pas les joueurs avec qui il parlait.
Multiplateformes
Shadow est disponible sous deux formes, la première : une application, la deuxième, un appareil à brancher sur un écran équipé d’un port HDMI. D'ailleurs, Shadow partage souvent, sur son compte Twitter, des images de Shadow tournant sur des appareils incongrus.
Application Sadow
Pour ordinateurs, l’application est disponible sur Windows, Mac et Linux. Sur smartphones et tablettes : Android et iOS. Il existe même une application pour l’Apple TV.
Après l’avoir téléchargée, vous n’avez qu’à la lancer et vous identifier.
J’ai testé l’application sur Windows et Android, sur les équipements suivants :
- Asus ROG GL703G - NVIDIA GeForce GTX 1060 (Windows)
- Microsoft Surface Go (Windows)
- OnePlus 7 (Android)
Si sur ma tablette, le résultat était très convaincant, sur mobile, du fait que la caméra frontale de mon téléphone est intégrée à l'écran et que les bords de ce dernier sont très arrondis, dû aussi à sa résolution : c’était très compliqué d’interagir avec l’interface, surtout sur Guild Wars 2. Mais dans les deux cas, l’expérience était très fluide. C'était très surprenant de pouvoir jouer à Guild Wars 2 sur des appareils sur lesquels il n’est pas prévu de pouvoir y jouer.
Grâce à l’expérience que j’ai pu avoir sur tablette, cela m’ouvre des perspectives de travail et de jeux très intéressantes, puisque cela signifie que je peux retoucher un fichier (Photoshop, Illustrator, InDesign), écrire du code ou lancer Guild Wars 2, en situation de mobilité et sans avoir besoin d’avoir mon ordinateur sous la main !
Shadow Ghost
C’est la deuxième version de leur appareil (précédemment Shadow Box). Il se branche simplement sur un écran. Il est équipé du WiFi, du Bluetooth, et de ports Ethernet, USB (2.0 et 3.0), HDMI et jack. Il est disponible depuis février 2019.
Plus qu’un service, une communauté
En plus de leur outils officiels de communication (site, Twitter, Discord), il existe une communauté un peu à part, dédiée exclusivement au gaming : Shadow Gaming Communautaire ou SGC. Cette communauté, qui a son propre site et serveur Discord, est gérée directement par des membres de la communauté, bénévoles et non affiliés à Blade. Elle a été fondée par 4 utilisateurs du service : El Chat Moso, banditlama, Oliverparisis et Vianne.
En créant cette communauté, ils souhaitent offrir, pour les membres du service Shadow et joueurs, un espace pour trouver d’autres joueurs avec qui jouer, partager ses exploits, demander de l’aide ou trouver les bons paramètres graphiques. Tout ça en plus de concours, des événements en jeu, du partage de créations graphiques, de discussions autour de jeux divers et variés, de partages d’expériences, …
Attention toutefois, pour accéder à cet espace communautaire, vous devez obligatoirement posséder un accès Shadow en votre nom propre.
Comparatif des offres
D’abord, avant de regarder plus en détails les offres de Shadow, sachez que vous ne devez pas être pressé pour obtenir votre accès. À l’heure où j’écris ces lignes, il faut attendre 6 mois pour voir mon accès activé, parce que l’offre est très faible comparé à la demande et que, même si pour nous, c'est une offre dans le cloud, cela implique pour eux une logistique non négligeable dans leurs centres de données.
Notez qu'il est possible d’ajouter jusqu’à 2 To de stockage supplémentaire en HDD.
Pour le moment, vous ne pouvez souscrire qu’à l’abonnement Shadow Boost, à 12,99 € par mois si vous vous engagez sur un an, et 14,99 € par mois sans engagement. Shadow Ultra et Infinite, seront disponibles ultérieurement à une date actuellement inconnue et uniquement pour les personnes déjà abonnées.
Rassurez-vous, même si le premier versement est dû à la création de la commande, votre abonnement ne démarre qu’à partir du moment où votre accès est activé.
Dans mon entourage
Aujourd'hui, j’ai au moins deux joueurs de ma guilde personnelle, “Bienvenue en Tyrie” sur Guild Wars 2, qui utilisent Shadow.
Le premier a un Shadow Ghost, parce qu’il trouvait plus simple de prendre un abonnement à un service de cloud plutôt que d’avoir à monter un PC ou comparer des ordinateurs alors qu’il n’y connait pas grand chose.
Le second a passé sa commande après en avoir un peu discuté avec le premier ainsi qu’avec moi, parce que son ordinateur portable montrait des signes de faiblesse depuis quelques mois, et que plutôt que d’en changer pour un nouveau, alors qu’il est encore fonctionnel, a préféré se prendre un abonnement Shadow, qui est actif depuis quelques semaines maintenant.
Tous les deux en sont très satisfaits, même s’il arrive parfois qu’il y ait quelques lags, rien de très gênant et qui n’est pas résolu en redémarrant leur Shadow.
Mon avis
À ce jour, ayant un bon PC au moins équivalent à ce que propose Shadow PC, je n’en ai pas spécialement l’intérêt :
Shadow Boost | Mon PC | |
---|---|---|
Carte graphique | GeForce GTX 1080 | GeForce GTX 1060 |
Processeur | 4 cœurs jusqu'à 3,4 GHz |
6 cœurs jusqu'à 2,2 GHz |
Mémoire | 12 Go | 24 Go |
Stockage | 256 Go (SSD) | 256 Go (SSD) +1 To (HDD) |
Mais dès qu’il commencera à montrer quelques signes de faiblesse, étant assez peu nomade et quasiment toujours à proximité d’un câble Ethernet relié à la fibre, j’y songerais.
J’avoue quand même avoir apprécié d'économiser quelques ressources sur ma machine en jouant avec Shadow. Très agréable notamment lorsque je diffuse en direct sur Twitch.
Dans le cadre de l’utilisation du Bus Magique, nous réfléchissons à un moyen de poursuivre ce test en passant par un abonnement, qui nous sera utile pour proposer à nos rédacteurs et conducteurs de l’utiliser pour travailler (avoir accès au jeu en qualité optimale pour enregistrer des vidéos ou faire des captures d’écrans de qualité) ou encore pour avoir à disposition une machine prête à l’emploi pour streamer sur notre chaîne Twitch. J’en profiterais aussi sûrement pour partager mon compte Creative Cloud pour que nos équipes puissent avoir accès à des logiciels de retouches et de montages professionnels (Photoshop, Illustrator, InDesign, Premiere Pro, …).
Jouez à Guild Wars 2 sur votre Mac !
ArenaNet a récemment annoncé la fin du support de Guild Wars 2 sur Mac. Shadow PC peut être une solution idéale pour continuer de jouer à Guild Wars 2 sans avoir besoin de changer d'ordinateur.
Shadow sur le web
Bien sûr, si vous voulez vous faire une idée plus précise de l'utilisation de Shadow, vous trouverez tout un tas de vidéos de tests et d'avis sur YouTube ou via votre moteur de recherche préféré.
J'espère que vous avez apprécié la lecture de cet article, et qu'il vous a aidé à un peu mieux comprendre le cloud computing et le cloud gaming.
N'hésitez pas à venir me voir sur Discord ou en stream sur Twitch si vous avez des questions ! ;)
À plus dans l'Bus !
Rédaction : Thoanny
Correction : Deathmortus, Waldolf
LBM news shadow cloud computing computer
Commentaires
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- 1. kriimakt Le 13/03/2021
Une petite correction (de taille) sur les connexions, tu parles de Mo, alors que ce sont des Mb.
En anglais, Mb = Megabits, MB = Megabytes(Megaoctets).
Les connexions demandées sont données en megabits, donc environ 10 fois moins que ce que tu précises sur l'article.
Ca n'en change pas l'exactitude du ressenti et du fonctionnement, mais ça peut induire en erreur les gens qui voudraient s'abonner :)
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